mercredi 3 mai 2017

Bienvenue chez moué

Genèse borderline:

Morue est mon nom d'artiste, j'aime sa référence un peu provocante et "sale", et je le décline en "mots de la rue". Ce surnom m'est venu au lycée, de mon meilleur ami. C'était "mon petit pd", j'étais "sa petite morue". A 15 ans en formation littéraire, nous étions inséparables jour et nuit, nous buvions énormément. On était admirés pour notre capacité à déconner complètement tout en étant relativement à l'aise dans les cours artistiques et littéraires, et ivres un tiers du temps. Comme nous étions également déchaînés au point de commettre des dizaines de petits vols dans les belles maisons, à chaque soirée où on jugeait tous les deux l'aventure "jouable", nous sommes devenus des gens très "populaires" dans quelques lycées. Ce n'était pas le but que je recherchais dans la vie, j'adore ces amis, ils étaient ma famille à l'époque, mais je recherchais autre chose.
Cela faisait déjà quelques années que j'aimais "traîner" dans le centre-ville, pour fréquenter les gens de la rue. Les punks, les skins, les valeurs politiques que je partageais avec certains des plus cultivés, et surtout, surtout la drogue, étaient pour moi un univers proprement fascinant auquel je me sentais complètement adhérer. Malgré des tentatives plus ou moins enrichissantes, d'allier ma passion pour la zone et les produits à une éventuelle carrière professionnelle, il y eu un événement décisif dans ma vie d'alors, très intense sur le plan militant et artistique. Je chantais dans un groupe de fusion keupon-tech hardcore-hip-hop, ou deux des membres étaient frères, et leurs parents, décideurs de beaucoup de choses au final puisque c'est souvent eux qui nous véhiculaient pour les répètes et les concerts.
Un jour j'ai été victime d'un viol d'un proche ami qui m'a sauté dessus sans me donner le temps de réagir, et c'était le troisième frère de la famille, qui ne faisait pas partie du groupe. Logée chez leurs parents, j'ai commencé à être la proie du plus jeune frère ensuite, violent avec moi car pervers narcissique (je l'apprenait pour la première fois en en parlant avec des psys ensuite). Plus j'ai essayé de faire confiance au frère aîné, qui ne m'avait jamais rien fait, et à leurs parents, en leur racontant que deux de leurs fils se permettaient certaines choses avec moi, plus ils m'ont décrédibilisée auprès de tous nos proches et laissé encaisser seule. Au final, ils ont réussi à me convaincre que j'étais une personne instable, toxicomane, trop "tolérante" avec les hommes qui voulaient me séduire, c'est-à-dire "une fille facile". J'avais déjà été violée auparavant, et j'ignorais totalement qui j'étais avec les hommes, bien que loin d'être "facile". J'ai cru à tout ce qu'ils m'ont dit, et je suis retournée dans la rue pour quelques années.
Aujourd'hui, je tente de m'en sortir, mais il faut à nouveau que j'essaie d'extérioriser mes démons.
La rue, la faim, le harcèlement des hommes en misère sexuelle, qui entraîne peu à peu la tienne, la dope, l'alcool, la débrouille, faire les poubelles, la manche, la catin, les mensonges, les violences, les coups bas, les hospitalisations, la maladie, la solitude, ou bien au contraire l'absence d'intimité en dormant dans un garage de centre commercial plein de cartons au sol, avec des voitures qui passent toutes les 10 minutes en ralentissant bien pour observer le copain en manque qui donne des coups de seringues en tremblant dans son pied en essayant de chopper une veine...tout ça, ça pèse sa mère.
Je souhaite que ce lieu, aussi virtuel soit-il, rompe cette solitude, qui pousse sans arrêt à retourner poser son cul sur le trottoir avec des gens pour boire et parler.
Si je transforme ma douleur et mes envies, dans des dessins ou des textes qui plaisent, je peux en faire un havre de paix.

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